samedi 19 janvier 2008

La vie chère.

Le gros bâtiment en regarde Julian Grimming d'un air imposant, à moins que ce ne soit l'inverse. Julian franchit les doubles portes à identification cellullaires et se dirige vers la petite femme au chignon tiré, le visage cerclé de lunettes d'un rouge criard :
"- Bonjour.
- Bonjour.
- Je viens pour mes résultats.
- Mh mh, nom, prénom, date de l'analyse s'il vous plaît ?
- Grimming Julian, et je ne me souviens plus de la date précise mais ça devait être il y a trois semaines je dirais.
- Mh mh, je consulte."
La secrétaire tape sur son clavier de manière frénétique et parcours les registres avec la rapidité visuelle d'un aigle sous cocaïne :
"- Julian Grimming, analyse de rejet annuelle, le 19 Janvier 2348. C'est bien ça ?
- Ouais.
- Ok, patientez un peu s'il vous plaît, je vais chercher votre dossier dans les archives.
- Ouais."
Julian fouille dans la poche de son veston en daim à 3000 Prez et sort un paquet de Johnston Henricks à peine entamé. Machinalement il en porte une à sa bouche et machinalement il l'allume avec son OrdinaPhone. Chaque bouffée de fumée qu'il recrache lui fait perdre un peu de l'angoisse qui lui serre les entrailles. Il fume trop et il le sait, mais il a encore toute la vie devant lui. Du moins, il espère l'avoir.
"- Monsieur ?
- Mh.
- Voilà vos résultats."
Julian prend la clé USB que la secrétaire lui tend et la branche sur son OrdinaPhone. Il nettoie la clé et la rend à la secrétaire sans la regarder. Il baragouine un vague "Au'oir" de la voix éteinte d'une personne mortifiée par l'angoisse et s'engouffre dans le dehors gris qui pue en mettant son Plasmasque sur son visage. Dans la poche de son veston, son OP tape insolemment contre sa hanche comme pour lui dire "Hey enculé de ta race, tu vas les regarder tes résultats où t'as tellement pas de couilles que tu vas attendre d'être archistone pour que même pas tu comprennes ce qu'ils signifient, à savoir ta putain de mort ?"
Comme quoi c'est fou tout ce qu'un objet technologique arrive à dire.
Une JH au bec, Julian rejoint son loft trop fun trop classe trop gris trop vide trop tout, et il se dit "Et si je passais chez Le Criquet ?"
Puis il se souvient qu'il a plus aucun Prez sur son compte en banque pour acheter le minimum vital (il mange de l'omelette au shampoing aux oeufs depuis bientôt 4 semaines), que Le Criquet est un enculé de mec bien qui ne fait pas crédit et surtout pas à des connards comme Julian, et donc qu'il a aucun moyen de se faire un petit fix de Dythilérium, juste un, histoire d'être archistone pour que même pas il comprenne ce que les résultats signifient, à savoir sa putain de mort.
Ensuite, il se dit que cette nouvelle commence à manquer de dialogue et que le lecteur lambda va s'endormir, alors il appelle Jimmy, aka Le Cougar, son méga-pote :
"- Ouais, Jimmy.
- Ouais, Julian.
- Ca va ?
- Oui et toi ?
- Super.
- Ok, bah à plus alors !
- Ouais, à plus !"
Heureusement que Le Cougar est là pour lui remonter le moral, il ne sait pas ce qu'il ferait sans lui. Mû par une résolution nouvelle, prêt à affronter sa déstinée en tant qu'homme responsable et mature, Julian allume son OP et une JH.

Gros plan sur l'holographe du salon et sur les heures qui passent. Soudainement, il est 13h43 et à c'est à cette heure-ci que l'histoire reprend.

Après cette ellipse temporelle audacieuse quoique courte Julian est affalé sur le sol en treznor doux de son salon, baignant dans une grosse flaque de vomi, qui n'est pas sans évoquer la chute du Mur de Berlin, ne me demandez pas pourquoi. Il y a des tas de plaquettes vides, des tubes en plastiques vides, des seringues vides, un tube de Mentos vide et une bouteille de Coca vide autour de Julian. Malheureusement pour lui et heureusement pour nous, lui aussi est vide. Il a essayé de se suicider, mais ça n'a pas marché. L'OP maculé de vomi éclaire la scène d'une lumière blafarde, provenant de l'écran qui zoomme sur un mot : "POSITIF".

Les murs de la salle d'attente sont chichement décorés et Julian kiffe sa race et il se fit qu'il achetera les mêmes rideaux pour son loft si... :
"- Grimming Julian ? C'est à vous.
Si la salle d'attente a la classe, le bureau a La Classe.
- Bien, que puis-je faire pour vous Mr. Grimming ?
- Mon analyse de rejet annuelle est positive. Je pourris de l'intérieur. Mes jours sont comptés.
- Mais encore ?
- Bah euh voilà : Je comptais un peu sur vous pour me sauver la vie en fait.
- Ah oui ?
- Bah oui.
- Passez moi votre OP.
- Ah oui ?
- Bah oui.
La médecin connecte l'OP de Julian à son sien.
- Mh mh... Et, simple question, qu'est ce qui vous a permis d'envisager ne serait-ce qu'un seul instant le prémice d'esquisse de l'hypothèse que je pourrais vous soigner gratuitement ?
- Conscience professionnelle ?
- Quoi ?
- Euh, éthique médicale ?
- Vous rigolez là ?
- Vous me trouveriez tellement beau gosse que vous me donneriez le sérum gratuitement et me proposeriez un rencard hot dans un bar branché ?
- Je préfère les femmes.
- Ca peut s'arranger.
- Je ne crois pas non.
- Mais si.
- Mais non.
- Bon d'accord. Si on disait que je vous avancais le prix du traitement ?
- Vous êtes en découvert de 890 000 Prez Mr. Grimming.
- Je peux vendre mon corps.
- Qui en voudrait, sérieusement ?
- Vous marquez un point. Je revends mon loft et tout ?
- Il n'est pas à vous, mais à votre mère qui vous le prête. C'est inscrit sur votre dossier.
- Je revends ma mère ?
- Vous ne pouvez pas.
- Mais... mais... Comment je vais faire alors... ?
- Bah c'est très facile, vous allez mourir, c'est comme dormir mais en plus long.
- Mais j'ai pas l'âge pour mourir bordel !
- C'est vous qui le dîtes.
- C'est franchement dégueulasse.
- Ah, voilà le couplet de la victime du système ! Vous savez, si vous avez pratiquement 1 Million de Prez de découvert, c'est que vous n'étiez pas digne de vivre longtemps. La vie, la vraie, vaut cher.
- Et si je trouvais un travail ?
- Personne ne prendrait de risque avec un Pourrissant. Et il vous faudrait environ... 36 ans pour tout rembourser. C'est long en sachant qu'il vous en reste à peine un à vivre.
- Vous êtes horriblement cynique.
- Juste réaliste. Vous avez pu prendre le traitement anti-rejet pendant plusieurs dizaines d'années, cela fait 9 mois que vous avez été contraint d'arrêter. Vous en connaissiez les conséquences.
- Putain, je sais pas quoi faire...
- Sortir de mon bureau par exemple ?
- Bonne idée, au revoir.
- Hep, attendez, je ne vous ai peut être pas tout dit !
- Ah ?
- Oui, vous me devez 1500 Prez d'honoraires.
- Vous savez très bien que je ne peux plus rien payer.
- Donnez moi votre OP alors.
- Mais ça vaut beaucoup plus de 1500 Prez !
- Bah, je ferais avec."






Quelques rayons de soleil percent à travers la grisaille des nuages et illuminent les tombes bétonnées et défraichies par l'atmosphère corrosive du Londres de 2355.
A côté de la tombe d'un certain Henry Dickinson, il y en a une autre, autant insignifiante et anodine que ses soeurs de pierre :
"Mort jeune, trop jeune pour son époque. Il a voulu vivre sans en avoir les moyens.
Julian GRIMMING :
3 Juillet 2153 - 2 Septembre 2348
Mort à seulement 195 ans. Paix à son âme."








Une fiction écrite en 1/2 h ?

Allez plutôt ICI. Ou vous pouvez chopper un article de "The Economist" d'il y a 2 semaines qui digresse là dessus sur 3 pages.

4 commentaires:

lul a dit…

J'ai kiffé ma race.

Béa a dit…

Hey enculé de ta race!
Je sais pas ce que j'ai préféré; la chute 0% suspense, l'invention d'expressions futurites (Prez,OrdinaPhone)
le "palindrome" qui m'a fait bien rire à savoir:
[- Ah oui ?
- Bah oui.
- Passez moi votre OP.
- Ah oui ?
- Bah oui.]
ou la super-prétention "Haan moi j'ai écrit ça en 1/2 heure, faites en autant tiens"...ou la vidéo de la Daft Punk Girl, moins d'effort à faire pour la regarder ;-)
'Fin bref,
TU NIQUES TOUT SA RACE, J'VEUX EN LIRE ENCORE DES COMME CA !!!
APPLAUSO !! (traducteur Lycos, t'as qu'a porter plainte si c'est pas la bonne traduc')

Poulet le jeune a dit…

Kh kh kh, cimer béa, il pète ton commentaire, ouais bon en vrai jlai pas écrite en une demi heure, ça fait 5 ans que j'y suis, voilà ^^...

Pour la vidéos, j'en mettrai d'autres comme ça jpense.

Voilà, kissous, see ya!

Anonyme a dit…

Y'a de bons gags mais à force de trop éjaculer sur ton texte tu le détruis un peu tu vois ? Non bon tant pis. Globalement c'est bien kiffant.

 
LP