mercredi 20 août 2008

Harder, better, faster, stronger.

J.O. 2008 de Pékin, 16h30, Usain Bolt devient champion olympique du 200m en battant le mythique record du monde détenu depuis 12 ans par Michael Johnson. Je ne vous apprend rien. Il devient donc LE phénomène de ces J.O., cumulant les titres olympiques sur 100m et 200m, en pulvérisant à chaque fois le record du monde. La foule est en délire, les statistiques s'affolent, les spécialistes sont en transe, c'est le jour le plus incroyable, le plus marquant de l'histoire de l'athlétisme. Que penser alors ? Pouvons nous utiliser l'incroyable émoi provoqué par ces performances sportives pour dresser un tableau acide mais réaliste de notre société libérale, toute dévouée qu'elle est au culte de la victoire et de la performance ?

Car, il faut l'avouer, personne, si tant est que l'on ne boycotte pas les JO pour une raison ou pour une autre, ne peut rester complétement insensible aux incroyables performances sportives des Bolt ou des Phelps. C'est dire si le culte de la victoire s'est installé bien profond en chacun de nous : oubliés les deuxièmes, troisièmes et autres perdants : seul le gagnant obtient véritablement sa part d'éternité et la reconnaissance du public ébaubi.

La performance. Elle chasse presque la victoire. Occultés les anciens recordmen déchus, pourtant adulés en leur temps. Désuètes les statistiques vieilles de 5 ans. Qui se souvient encore de Georzlkeh Kjoorik ? Personne. Tordoekj Saczeb ? Nul n'en parle plus. Pour la simple et bonne raison que quelqu'un d'autre a pris leur place, leur volant leur part d'éternité, purement et simplement.

L'être humain se souvient du gagnant, du record, mais seulement jusqu'à une nouvelle compétition, un nouveau podium, une nouvelle performance. Pour résumer, il encense à la fois l'éternité, tout en étant profondément immergé dans l'éphémère le plus total. Le sport est une décalcomanie grossière des moeurs d'aujourd'hui, plus amusant qu'un livre de Pierre Bourdieu, plus glamour qu'un discours de Max Gallo.

Le sportif c'est vous, c'est moi, c'est celui qui aspire à se démarquer des autres, c'est celui qui désire l'éternité, comme l'aurait dit Platounet. Le titre olympique, c'est ce lave linge 8 programmes que tu as convoité tant d'années lecteur, avant d'enfin pouvoir te l'offrir, piochant grassement sur ton compte épargne. Le record, c'est ce lave linge 9 programmes beaucoup plus perfectionné, donc must have, qui rend malheureusement l'objet de ton désir tout à fait obsolète.

Le sport, lecteur, c'est toi, c'est moi, c'est l'alternance de l'éternité et de l'éphémère autour de ce qui nous meût : le désir, sans cesse renouvellé, chassé.



Bien à vous.












...





"Et tu crois que c'est avec ça que tu vas me persuader que regarder la finale du 400m est plus intelligent que d'avancer ta dissert de philo ?"
 
LP